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L'Air de Vivre
12 mars 2013

Möbius, coup de foudre dans l'Air!

 

MoebiusÉric Rochant ouvre son dernier film, Möbius, non sans emphase, sur des chœurs d’opéra et un plan d’hélicoptère au-dessus de Monaco. Une équipe d’espions russes, menée par Gregory Lioubov, alias Moïse (Jean Dujardin), est chargée de recruter une spécialiste financière de la titrisation, Alice (Cécile de France), afin qu’elle fasse tomber l’oligarque Rostovsky (Tim Roth), dont la fortune requiert des opérations de blanchiments. Entre Lioubov et Alice, dès le premier regard, c’est le coup de foudre…

L’affaire d’espionnage n’est plus ici qu’une toile d’arrière-fond sur laquelle se dessine une histoire sentimentale. A travers un double jeu identitaire (Dujardin se prévalant d’une autre identité, Cécile de France travaillant déjà pour la CIA), Éric Rochant filme une rencontre amoureuse qui vient en brouiller les règles et fragiliser les positions de chacun. L’amour au premier regard donc, et le deuxième regard comme révélation des troubles secrets de chacun.  Monaco, Moscou, Langley (siège de la CIA), Bruxelles, Londres, l’enchaînement des duperies et des jeux de rôles, d’abord élégants puis tragiques, se déploie ici dans un univers globalisé de puissances torves et de super-riches immoraux…

L’intrigue ressemble à un film d’espionnage lambda des années 70, correctement fabriqué mais sans personnalité. Si Tim Roth compose un oligarque convaincant (il ressemble au propriétaire milliardaire russe de Chelsea, Roman Abramovitch), si Cécile de France s’en tire avec les honneurs, le choix de Jean Dujardin est plus risqué : l’acteur n’est pas mauvais mais, dans le rôle d’un espion, on ne peut s’empêcher d’y voir OSS 117 en filigrane.

Pourtant, l’essentiel n’est pas là! Rapidement, le film parvient à nous embarquer grâce à la relation plus érotique que romantique entre Jean Dujardin et Cécile de France. Les deux acteurs, désarmants de naturel, tout en retenue, sont totalement crédibles. Et leur liaison passionnée prend magnifiquement chair.

La caméra réussit à rendre la chaleur de leurs étreintes en multipliant les gros plans : torses, muscles, fessier, jambes, peau, duvet…tout paraît concret, palpable. Éric Rochant donne de la présence aux corps, aux caresses. Le son suit. Pendant l’amour, tandis que l’image floue cache l’essentiel, on entend des souffles, des murmures, des baisers, des cris de jouissance… Möbius est délicieusement charnel. Cécile de France est magnifiée,  glamour, élégante, désirable. Elle donne au spectateur quelque chose d’intime, un sens de l’émotion.

Bref, même si l’intrigue, un brin compliquée, est difficile à suivre, Éric Rochant a su montrer que, dans les bras de cet homme, Alice est chez elle. Il a su filmer l’honnêteté, une forme de sincérité, une vraie douceur malgré la vérité des scènes. Au fond, tout est romanesque !

 

Sortie le27 février 2013. Réalisé par Éric Rochant. Avec Jean Dujardin, Cécile de France, Tim Roth.

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