Alceste à bicyclette, le temps ne fait rien à l'aff'Air!

Au sommet de sa carrière d’acteur, Serge Tanneur (Fabrice Luchini) a quitté une fois pour toutes le monde du spectacle. Trop de colère, trop de lassitude. La fatigue d’un métier où tout le monde trahit tout le monde. Désormais, Tanneur vit en ermite dans une maison délabrée de l’Île de Ré… Trois ans plus tard, Gauthier Valence (Lambert Wilson), le foulard saillant et la mise en pli parfaite, acteur de télévision adulé des foules, débarque sur l’île. Il vient retrouver Tanneur pour lui proposer de jouer «Le Misanthrope» de Molière. Tanneur n’est-il pas devenu une pure incarnation du personnage d’Alceste? Serge refuse tout net et confirme qu’il ne reviendra jamais sur scène. Pourtant, quelque chose en lui ne demande qu’à céder. Il propose à Valence de répéter la grande scène 1 de l’Acte 1, entre Philinte et Alceste…

Bien sûr, Valence est un moderne Philinte, mondain, engagé dans la société par de multiples compromis, pendant que Tanneur fait un bel Alceste du XXIe siècle dont il méprise tous les pièges, du téléphone portable au jacuzzi. Le scénario fait entendre de longs extraits du texte de Molière, et les alexandrins surplombent les dialogues triviaux qu'échangent les deux hommes, tout en en révélant les sens cachés.

Une comédie en Ré mineur…

Fabrice Luchini interprète ici un personnage très proche de l'incarnation que le comédien propose depuis des décennies sur les plateaux télévisés : un histrion en représentation perpétuelle, qui, malgré ses professions de haine pour le reste de l'humanité, jouit de retrouver un public, tout en étant incapable d'aller à sa rencontre. Quant à Lambert Wilson, il se tire avec brio d'un très mauvais pas, puisqu'il est obligé de montrer qu'il est un excellent comédien en interprétant le rôle d'un acteur médiocre.

Malheureusement, porno, jacuzzi et bicyclette sont les seuls instruments qu’a trouvé  Philippe Le Guay, le réalisateur du film, pour actualiser un monument théâtral en gentille comédie gonflée par deux acteurs en roue libre. On regrette un texte convenu, voire prévisible. La facile mise en abyme de la pièce tombe pour laisser place à deux cabotins hurlant leur mal de vivre à travers quelques beaux plans péninsulaires.

Bref, on sort de ce film en pensant que Molière a été plombé par de longues balades en vélo avec ce qu’il faut de chutes, relevé tout de même par quelques acteurs bien en verve laissant même à une nymphette porno, le plus bel instant du métrage.

On est misanthrope ou on ne l’est pas !

Sortie le 16 janvier 2013. Réalisé par Philippe Le Guay. Avec Fabrice Luchini, Lambert WIlson, Maya Sansa.

Comments

[Le vieux bougon]

J'ai trouvé Luccini pour une fois moins cabotin et Wilson pour une fois presque bon. Comme quoi le metteur en scène aurait su les diriger. Pour le reste c'est gentillet, c'est vrai mais pour une après-midi pluvieuse...

Le vieux bougon qui trouve toujours à redire.