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L'Air de Vivre
3 janvier 2014

La Vie de Misia Sert, ode à la Reine de la Belle Epoque par Arthur Gold et Robert Fizdale

La vie de Misia Sert

« Misia boudeuse, artificieuse, géniale dans la perfidie, raffinée dans la cruauté. Elle excitait le génie comme certains rois savent fabriquer des vainqueurs, rien que par la vibration de son être ». Ainsi la décrit Paul Morand dans Venises.

« Reine de Paris », tel est le titre que donne la presse de la Belle Époque à cette femme flamboyante. Jusqu’aux Années Folles, Misia, elle-même pianiste accomplie, est au centre de la création artistique et littéraire. Découvreuse de talents exceptionnelle et mécène averti, elle est aussi une grande séductrice.

Une belle panthère, impérieuse, sanguinaire et futile

Il est des personnes qui ne marquent leur temps d'aucune œuvre personnelle, mais dont l'influence sur leurs contemporains est si vive qu'elle grave à jamais de son empreinte les mémoires et les cœurs. Misia Sert est de ses personnes.

Intelligente, croqueuse d’hommes, envoûtante, nymphomane, visionnaire, séduisante, baroque, ensorcelante, capricieuse, flamboyante, Misia a sans doute justifié par la vie qu’elle a menée tous les qualificatifs dont elle a été parée. Parmi tous ceux qui ont écrit sur elle, hors sa propre biographie, réalisée en collaboration avec son confident et fournisseur de drogue Boulos Ristelhueber, c’est peut-être le coté romancé de la biographie exhaustive réalisée par Arthur Gold et Robert Fizdale qui définit le mieux la personnalité de cette femme, et cet extraordinaire ascendant sur les artistes de son époque qui l’ont caractérisée en levant une partie du voile entre les dires et les faits.

« Effervescente de joie ou de fureur, originale et emprunteuse, récolteuse de génies, tous amoureux d’elle. » Paul Morand

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On pourrait vite la réduire à une figure de femme fatale dont tous les artistes désireraient capter la beauté et conquérir le cœur. Et manifestement ce fut le cas. Courtisée par les plus grands, elle est le modèle et l'égérie de Toulouse-Lautrec, Vuillard, Bonnard, Renoir, Odilon Redon, Vallotton… Elle côtoiera également des compositeurs comme Satie, Debussy, Poulenc, Stravinsky, inspirera et fascinera Maurice Ravel. Outre la muse captivante, Misia est également une figure importante de l'effervescence intellectuelle du début du XXème siècle. Elle joue un rôle fondamental de découvreuse et d'intercesseur par les rencontres qu'elle organise dans ses appartements et le soutient qu'elle apporte aux artistes qu'elle apprécie.

Marie Sophie Olga Zenaide Godebska, plus communément appelée Misia Sert (1872-1956), fille d'un sculpteur polonais, épouse successivement Thadée Natanson, fondateur de la Revue blanche, Alfred Edwards, le magnat de la presse, et le peintre catalan Jose-Maria Sert.

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Fasciné par le personnage, Proust, dans La Recherche, en fait la princesse Yourbeletieff,  «jeune marraine de tous ces grands hommes nouveaux», apportée comme un trésor par les danseurs des Ballets russes.  Madame Verdurin lui doit aussi beaucoup. Si elle offre à Coco un ticket d’entrée dans la haute société, elle est capable de troquer son chignon brioche pour une coupe courte et adopte, ensuite, l’allure Chanel. Misia aura été une femme en perpétuel mouvement.

L’étoile de Misia ne survivra pas aux Années folles. Certes, elle reste une personnalité du Tout-Paris mondain, mais elle n’est plus au centre des conversations, des passions et de la création artistique. Peu à peu, les ailes du papillon ternissent, et l’usage de la morphine – dont elle partageait naguère la prise avec Coco Chanel – n’arrange évidemment rien. Progressivement devenue aveugle, Misia décède le 15 octobre 1950 après de longues années de solitude, dans une indifférence quasi générale d’autant plus mal vécue par l’ex-Reine de Paris qu’elle s’est, des décennies durant, grisée de l’effervescence d’une vie mondaine artistique dont elle a longtemps été la principale égérie.

Bref, une trajectoire impressionnante qui fit écrire à Paul Morand que Misia Sert était «placée dans l’axe du goût français comme l’aiguille de Louqsor dans l’axe des Champs-Elysées » !

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